KANDINSKY Vassily, München – Vor der Stadt, 1908

Vassily KANDINSKY, München – Vor der Stadt [Munich – Aux abords de la ville], 1908, peinture à l’huile sur carton, 68,8 cm x 49 cm. Galerie municipale du Lenbachhaus et du Kunstbau, Munich, Allemagne
Œuvre dans le domaine public ; https://www.lenbachhaus.de/digital/sammlung-online/detail/muenchen-vor-der-stadt-30004360 sous licence CC0 1.0
« Après des années de vie errante, Wassily Kandinsky et Gabriele Münter sont revenus en Bavière en 1908 et ont découvert pour la première fois en été la petite ville de Murnau dans les Préalpes de Haute-Bavière. Le travail à Murnau, auquel se joignirent désormais Alexej Jawlensky et Marianne von Werefkin, signifia en particulier pour Kandinsky et Münter la libération d’un état d’expérimentation qui durait depuis des années et la percée décisive vers leurs propres moyens d’expression artistique. Peu après, les deux artistes s’installent définitivement à Munich et emménagent en septembre dans un appartement commun du quartier artistique de Schwabing.
L’un des premiers tableaux de cette nouvelle période fut Munich – Aux abords de la ville, une vue du nouvel environnement de Kandinsky à la périphérie du vieux Munich, peinte avec une écriture violente et des couleurs intenses, presque explosives. Le tableau se construit à partir de la zone inférieure en lignes ondulées vives de bleu roi puissant, de vert, de jaune et de rouge. Le bleu profond et lumineux domine, il se concentre dans le ciel et quelques éléments de l’architecture colorée du tiers supérieur et trouve son contrepoids dans les tons sombres correspondants du bord inférieur du tableau. Manifestement, Kandinsky reprend ici, avec la manière libre et insouciante d’appliquer la couleur, les influences des « Fauves » que Jawlensky lui avait notamment transmises lors de son séjour parisien dans l’atelier d’Henri Matisse.
Le coloris intense du fauvisme, fait de couleurs fortes, pures et appliquées en aplats, convenait parfaitement aux efforts de Kandinsky pour mettre l’accent sur la matière picturale, pour rendre la surface du tableau étanche et pour éliminer toute illusion atmosphérique.
Déjà dans les premiers paysages, les « petites études à l’huile », que Kandinsky avait pratiquées pendant des années devant la nature, à côté de ses « dessins colorés » lyriques et féeriques, il cherchait à donner à la couleur la plus grande marge de manœuvre possible : « Dans la peinture d’étude, je me laissais aller. Je pensais peu aux maisons et aux arbres, j’étalais des bandes et des taches colorées sur la toile à l’aide d’une spatule et je les faisais chanter aussi fort que je le pouvais ». Alors que les premières études à l’huile jusqu’en 1907 étaient cependant travaillées à petits coups de couteau à peindre […], dans une manière impressionniste tardive qui n’offrait finalement plus de réelles perspectives à Kandinsky, les expériences faites à Murnau et des tableaux comme Aux abords de la ville marquent le début d’une nouvelle phase qui le rapproche d’un grand pas de ses aspirations artistiques, y compris dans l’étude sur le motif. Ainsi, ce tableau réalise aussi, plus que toute autre vue antérieure, ce que Kandinsky décrivait dans ses « Rétrospectives » comme « la gamme puissante, riche en couleurs, grondant profondément dans les ombres, de l’atmosphère lumineuse de Munich ».
Friedel, Helmut ; Hoberg, Annegret : Der Blaue Reiter im Lenbachhaus München. Prestel Verlag, 2007 cité in https://www.lenbachhaus.de/digital/sammlung-online/detail/muenchen-vor-der-stadt-30004360 (traduction : Clément Chervier)