KANDINSKY Vassily, Zwei Reiter vor Rot, 1911

Vassily KANDINSKY, Zwei Reiter vor Rot, [Deux cavaliers devant le rouge],1911, gravure sur bois en couleurs ; 13,8 cm x 18,6 cm (tirage), Galerie municipale de Lenbachhaus et du Kunstbau, Munich, Allemagne.
Œuvre dans le domaine public ; https://www.lenbachhaus.de/digital/sammlung-online/detail/zwei-reiter-vor-rot-30008618 sous licence CC0 1.0 Universell
« Recueil de poèmes et gravures sur bois, Klänge , signifiant littéralement sons ou sonorités […], juxtaposition de poèmes et d’images que l’artiste met côte à côte, sans que les uns n’illustrent les autres, ni l’inverse. En effet, il serait vain de chercher une cristallisation du texte dans l’image ou, a contrario, une explication du visuel dans le contenu des textes, d’autant plus que poèmes et gravures ont généralement été créés à des moments décalés, puis assemblés. Dans l’édition originale, conçue comme un livre d’artiste, se déploient des résonances verbo-picturales ainsi que, plus fréquemment, des décalages entre les deux modes d’expression.
La partie textuelle prend forme de courts récits – « poèmes en prose » (Prosagedichte ), les appelle Kandinsky – qui paraissent autant indépendants qu’interprétables en tant qu’actes d’un seul poème. Au fur et à mesure que l’on avance dans l’œuvre, le sens devient néanmoins de plus en plus difficile à comprendre, à peine discernable, faisant presque émerger une nature sémantique néluctablement obscure ou cryptique. Pourtant le texte procède en général par phrases délibérément simples, directes, parfois d’une expression ludique quasiment enfantine, mais déconnectées les unes des autres, rythmées par des allitérations, des répétitions et des emphases, par des concaténations alogiques, se dissolvant par contrepoint ou en glissements contradictoires. Quant aux gravures, généralement intercalées entre les poèmes, elles en ponctuent le plus souvent le début par un petit dessin en noir et blanc, ou sont placées, en plus grande taille, après la fin d’un poème, parfois en couleur. Ces images peuvent difficilement être qualifiées de figuratives, les plus petites paraissent au premier abord plutôt des motifs décoratifs, et seulement quelques-unes de l’ensemble laissent clairement percevoir la représentation d’une scène ou d’un sujet.
Doté d’une couverture rouge aux dessins dorés, le livre s’ouvre sur une gravure [Deux cavaliers devant le rouge] aux couleurs féeriques, avec deux cavaliers avançant sous un ciel rouge. Le premier poème nous introduit dans un paysage constitué d’« [u]ne masse de collines de toutes les couleurs », toutes de dimensions différentes, mais de formes toutes semblables […]. »
CALIANDRO, Stefania. Sur le plastique. Klänge de Wassily Kandinsky. Estudos Semióticos [online], vol. 19, issue 2. São Paulo, August 2023. p. 159-177. Retrieved from: https://www.revistas.usp.br/esse.
Pour aller plus loin
Suite de l’article cité ci-dessus intégrant une autre reproduction de cette gravure.