PAREYSON Luigi – Matière / Artiste

 » L’artiste étudie amoureusement sa , il la scrute jusqu’au fond, il en épie le comportement et les réactions ; l’interroge pour la commander, l’interprète pour la dompter, lui obéit pour la plier ; l’approfondit pour qu’elle révèle des possibilités latentes et adaptées à ses intentions ; la fouille pour qu’elle suggère elle-même des possibilités nouvelles et inédites à explorer ; la suit pour que ses potentialités naturelles puissent coïncider avec les exigences de l’œuvre à faire ; examine les manières dont une longue a enseigné à la traiter pour en faire germer des manières inédites et originales, ou pour les prolonger dans de nouveaux développements ; et si la dont la est chargée semble en compromettre la ductilité et la rendre pesante, lente et opaque, il cherche à lui trouver une nouvelle virginité, qui soit d’autant plus féconde qu’elle est plus inexplorée ; et si la est nouvelle, il ne se laissera pas intimider pas l’audace de certaines suggestions qui semblent s’en dégager spontanément et ne se refusera pas au courage de certaines tentatives, mais ne se soustraira pas non plus au dur devoir de la pénétrer pour en mieux spécifier les possibilités. « 

Luigi Pareyson, Esthétique (Théorie de la formativité), 1954, 2007, trad. Gilles A. Tiberghien et Rita Di Lorenzo, , Editions de l’Ecole Normale