SHIOTA Chiharu, In Silence, 2002 / 2019
Chiharu SHIOTA, In Silence, 2002 / 2019, installation, piano brûlé, chaise brûlée, fil noir Alcantara, dimensions variables.
© Chiharu SHIOTA © Kgbo photographie 1 sous licence CC BY-SA 4.0 – Photograhie 2 de monkeyc.net sous licence CC BY-NC-SA 2.0 © Jean-Pierre Dalbéra, photographie 3, sous licence CC BY 2.0
« L’artiste a mis le feu à un piano à queue dans une rue de Hobart. L’artiste a ensuite passé 10 jours à tisser un vaste cocon de fil noir autour de ce qui reste du piano. Shiota dit que « l’œuvre était une méditation sur le son et son absence ». La pièce fait écho à un incident survenu alors que Shiota avait neuf ans. Elle s’est réveillée dans la nuit au son d’un feu de bois et a couru réveiller ses parents. La famille a alors assisté impuissante à l’incendie de la maison d’un voisin. Plus tard, Shiota a vu les restes d’un piano carbonisés et silencieux dans les cendres. « J’ai eu peur et j’ai couru à la maison », se souvient-elle. « Là, j’ai essayé de jouer du piano. Ma mère m’avait dit de ne pas jouer à un moment où la maison de notre voisin venait d’être incendiée. Mais j’avais l’impression que ma propre voix avait aussi été brûlée et j’ai donc continué à jouer. J’étais submergée par le silence. Quelques jours plus tard, le vent a apporté jusqu’à nous l’odeur du feu éteint. Chaque fois que je la sentais, j’avais l’impression que la fumée me faisait perdre la voix. » « Cela s’est passé il y a 20 ans. Je porte toujours ce silence en moi, au plus profond de mon cœur. Quand j’essaie de l’exprimer, les mots me manquent. Mais le silence dure. Plus j’y pense, plus il devient fort. Le piano perd sa voix, le peintre ne peint plus, le musicien arrête de faire de la musique. Ils perdent leur fonction, mais pas leur beauté. Ils deviennent même plus beaux. »