DUMAS Marlène, Het Kwaad is Banaal, 1984

Marlène DUMAS, Het Kwaad is Banaal [(Le mal est banal)], 1984, 125.5 × 105.5 cm, Stedelijk Museum Amsterdam
© Marlène DUMAS © Jeroen P M Meijer (jpmm) , photographie sous licence CC BY-NC-ND 2.0 DEED
« Cette peinture est partie de moi, ou du regard que je portais sur moi-même, dans cette sorte de position inconfortable de la femme blonde, amicale et spontanée, qui est un vieux problème lié à l’idée que l’on se fait de soi-même et à la façon dont les autres nous perçoivent.
Le titre Evil is Banal (Le mal est banal) vient en fait d’un texte d’Hannah Arendt sur le fait que dans une bureaucratie nazie, tout est banal.
Lorsque vous écoutez les récits des procès Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, où les gens ont été torturés, vous savez, lorsqu’ils entrent dans cette pièce, c’est une pièce ordinaire, et il y a un homme ordinaire assis là. Je veux parler de ce mélange entre l’aspect ordinaire des choses et les choses terribles que les gens peuvent se faire les uns aux autres.
C’est dans ce sens que j’utilise mon apparence de jeune fille blanche ayant grandi en Afrique du Sud, mais aussi, j’exploite au sens le plus large, les valeurs que les blancs sont censés incarner et les valeurs que les noirs sont censés incarner.
Aucune œuvre n’a qu’une seule raison d’être, donc certaines des autres pensées qui me sont venues à l’esprit pendant que je peignais ce tableau étaient dans certains contes de fées, dans le conte de Walt Disney, la fille blonde est la gentille fille et la fille plus sombre est la sorcière.
J’espère donc que mes œuvres contribuent à élargir le regard que l’on porte sur toutes les choses faciles qu’une certaine culture nous a enseignées et que l’on se rend compte que le monde ne fonctionne pas tout à fait comme ça. » Marlène Dumas