SZAPOCZNIKOW Alina
Alina SZAPOCZNIKOW, (1926 – 1973) Pologne
« Née en Pologne dans une famille juive en 1926, elle a survécu aux horreurs des camps de concentration pendant son adolescence. Dans les années d’après-guerre, déménageant de Prague à Paris, elle finit par abandonner le réalisme socialiste soutenu par le gouvernement polonais, ainsi que les courants en vogue de l’abstraction moderniste, pour se tourner vers les tendances surréalistes et le Nouveau Réalisme de l’avant-garde parisienne, influencé par le Pop-art et défendu par Pierre Restany. Travaillant sans relâche tout en passant par des phases de réflexion, Szapocznikow s’est engagée dans des projets liés au corps avec toute la puissance nécessaire. Elle succombe à un cancer en 1973, à l’âge de 46 ans. Au cours de la dernière décennie de sa vie, l’engagement pionnier de Szapocznikow avec les nouveaux matériaux a acquis une importance et une intensité particulières, donnant naissance à des œuvres qui remettent en question de manière spectaculaire le langage traditionnel de la sculpture et préfigurent des approches essentielles pour l’art d’aujourd’hui. »
« Immergée à l’âge de seize ans dans l’univers concentrationnaire, son œuvre est née des cendres d’Auschwitz, de la disparition des êtres et des ténèbres de la nuit. Elle a survécu dans les ghettos de Pabianice et de Lodz, dans les camps d’extermination d’Auschwitz et de Bergen Belsen ; elle y travaillait à l’hôpital, en tant qu’infirmière auprès de sa mère qui était médecin, elle y voyait des « vivants-mourants », souffrants, torturés, mutilés, voire en décomposition, morcelés, défigurés, expérimentés. Auschwitz a toujours habité son corps. Elle qui avait choisi, ensuite, de vivre en Pologne, a fait de ce « baptême du désespoir », de l’insoutenable et de l’indicible, le ressort traumatique de son œuvre, une œuvre qui porte une étrange osmose entre ses sensations, ses obsessions, ses angoisses. »
https://www.artpress.com/2013/02/22/alina-szapocznikow-lombre-deportee-du-mal/
« Alina Szapocznikow fut contemporaine des ready-made « érotiques » de Marcel Duchamp, des reliquaires de Paul Thek, des masques et des moulages de Bruce Nauman et d’Yves Klein, des dispositifs de Louise Bourgeois et du mal-être expérimental de Eva Hesse. Mais, derrière le rideau de fer, elle n’a jamais su que leurs œuvres existaient (sauf peut-être celles d’Yves Klein, sans doute le Portrait d’Arman). Son œuvre protéiforme a traversé les expériences fondatrices des années 1960, les néo-avant-gardes et les contre-cultures ; elle a inscrit sa stratégie artistique dans ce contexte en associant paradoxalement corps et concept, mais sans n’être jamais impliquée dans aucun mouvement spécifique. »
https://www.artpress.com/2013/02/22/alina-szapocznikow-lombre-deportee-du-mal/
« Son propre corps devient la matrice de son œuvre. Seuls les ventres qu’elle représente ne sont pas le sien […]. »
https://www.artpress.com/2013/02/22/alina-szapocznikow-lombre-deportee-du-mal/
« De toutes les manifestations de l’éphémère, le corps humain est la plus vulnérable, l’unique source de toute joie, de toute souffrance et de toute vérité » Alina SZAPOCZNIKOW,
https://www.artpress.com/2013/02/22/alina-szapocznikow-lombre-deportee-du-mal/
VIdéo présentant l’exposition « Alina Szapocznikow, du dessin à la sculpture » :
« La maîtrise de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques fait partie intégrante de la pratique de Szapocznikow. Son exploration du plastique comme moyen de production en série pourrait être considérée comme contraire aux valeurs traditionnelles et hiérarchiques de la sculpture. Cependant, elle a contourné cette opposition en employant le langage de la culture marchande pour créer des œuvres uniques. Ainsi, Szapocznikow a produit la plupart de ses œuvres dans son propre atelier plutôt que d’en confier la fabrication à une usine. En se concentrant sur une relation intime et tactile avec ses supports, elle a pu repousser les limites expérimentales du geste artistique. »
https://inferno-magazine.com/2019/10/27/alina-szapocznikow-to-exalt-the-ephemeral-hauser-wirth-new-york/ Traduction : Clément Chervier
« Les matériaux synthétiques me semblent parfaits pour tenter d’exprimer et de traduire notre époque en raison de leurs capacités à répliquer, de leur légèreté, de leurs couleurs, de leur transparence et de leur neutralité. L’ère de la multiplication cellulaire, de la consommation de masse rapide, de la répétition automatisée est en marche. Ces manifestations si caractéristiques, si superficiellement joyeuses et si tristement monotones et émouvantes. J’espère pouvoir explorer en profondeur le problème du module qui se répète, en lien direct avec la reproduction industrielle des modules. » Alina SZAPOCZNIKOW
https://inferno-magazine.com/2019/10/27/alina-szapocznikow-to-exalt-the-ephemeral-hauser-wirth-new-york/ Traduction : Clément Chervier
Pour aller plus loin :
Article intégrant diverses reproductions de sculptures d’Alina Szapocznikow présentées dans le cadre de l’exposition « Alina Szapocznikow : Sculpture Undone, 1955–1972″ au MOMA : https://www.moma.org/calendar/exhibitions/1224?
Vignette présente sur la page « Artistes » © Clément CHERVIER, création numérique sous Licence CC BY NC (création à partir du portrait présent dans cette vidéo).