RICHIER Germaine, Le Diabolo, 1950

Germaine RICHIER, Le Diabolo, 1950, Dimensions 160 x 49 x 60 cm, fonderie Alexis Rudier, 11 exemplaires

© Germaine RICHIER © puffin11k : Photographie 1 sous licence CC BY-SA 2.0 DEED © puffin11k : Photographie 2 sous licence CC BY-SA 2.0 DEED © Louise Woodcock : Photographie 3 ( et vue d’ensemble) sous licence CC BY-NC 2.0 DEED

« Si le sujet de la appartient au registre du ou du jeu, elle est cependant liée à L’ , comme le remarque Denys Chevallier en 1956 : « Les sculptures avec fils, si caractéristiques de la personnalité de Germaine Richier, sont toutes sorties plus ou moins directement de L’ de 1947. Toutes témoignent des préoccupations géométriques de la mise en place » (cat. exp., Saint-Paul, 1996, p. 95). Cette figure rugueuse, dont la finesse rappelle cependant les premiers nus du sculpteur, est fondée sur le rapport anachronique constitué par le formé par la tourmentée, qui semble être en état de dé ou d’élaboration, brute, pleine d’aspérités et dramatique, et une iconographie ludique et populaire. Jacques Beauffet a justement souligné les tensions paradoxales qui définissent cette œuvre majeure, probablement marquée par l’ surréaliste et la contemporaine : « Entre les deux pôles extrêmes de la de Richier – la téé et la puissance, l’air et la terre – prend place un de sculptures (dont Le Diabolo ). Ces œuvres reposent sur le principe d’une mise en relation sensible de l et de l’, du plein et du . Le long des fils métalliques tendus entre les extrémités de chaque figure circule, telle une charge électrique, l’énergie concentrée dans la opaque. » (« Germaine Richier », L’ griffée, in cat. exp., Saint-Étienne, d’Art moderne, 1990). » Bénédicte Ajac

Bénédicte Ajac, Extrait du catalogue  art moderne – La du Centre Pompidou, national d’art moderne , sous la de Brigitte Leal, , Centre Pompidou, 2007

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/coXk59n

« Le diabolo, jeu populaire dans les années 1950-60, se pratique à l’aide de deux baguettes reliées par une cordelette que l’on agite afin de faire tourner une bobine (deux cônes en caoutchouc rigide opposés par leur sommet), ée ensuite dans les airs. […] Germaine Richier, et c’est la seconde énigme de l’œuvre, sculpte une cordelette démesurément longue, rendant la pratique du jeu impossible. Le fil, tendu à l’extrême, est à la fois fixé au sol de chaque côté du personnage et tenu dans ses mains. Il dessine ainsi trois triangles : un isocèle, dont le sommet au sol est à la droite du personnage, un quelconque, à sa gauche, et un au niveau de l’abdomen, é par le des deux précédents. Les baguettes et le fil tendu entre les mains achèvent d’un second isocèle cette figure géométrique complexe.

Le Diabolo est donc une , composée d’une partie abstraite et d’une partie figurative. Cette dernière, la joueuse, fine, élancée, dotée d’une petite perchée au sommet d’un cou étiré, possède les caractéristiques des sculptés par Germaine Richier : par endroits mutilée, elle une chahutée, grenelée, rongée, trouée, lépreuse. Ainsi, Richier crée un entre la plasticité tourmentée de la figure et la géométrique de l’ (le diabolo) que cette figure tient dans ses mains, initié en 1946 dans L’ et confirmé, en 1953, dans La Fourmi. Or ce ne choque pas. Il ne fonctionne pas comme un . La figure et l’ forment un tout. Germaine Richier trouve là une remarquable entre le faire (la ) et la théorie (l’esprit), montrant au passage l’absurdité du violent débat opposant dans ces années d’après les figuratifs aux abstraits.[…] La est magistrale. Elle permet à la sculptrice de restituer la sensation ambivalente qu’elle éprouvait face à la jeune fille qui lui servit de , où se mêlent la légèreté, la grâce et le , la et l’assise, l’équilibre toujours menacé et notre . »  Olivier Cena

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