PATINIR Joachim
Joachim PATINIR ou Patenier, ou Patinier (vers 1480 – 1524) Pays-Bas bourguignons puis Pays-Bas des Habsbourg
« La biographie du premier paysagiste flamand, l’un des plus grands, est peu documentée, malgré la célébrité qu’il connut de son vivant. Dürer l’appréciait, et le qualifiait de « Gut Landschaftmaster » (bon maître paysagiste).
À une époque où, de part et d’autre des Alpes, la peinture de paysage s’affirmait comme un genre autonome, Patinir en fit l’essentiel de son œuvre. Paysage imaginaire et merveilleux, proche encore de celui des primitifs, et cependant très innovateur par le traitement de l’espace, de la profondeur obtenue grâce aux plans successifs parallèles, de la perspective aérienne. Souvent, dans ses tableaux aux thèmes religieux, le paysage prend une dimension essentielle. »
« En peinture, Patinir fut […] le premier paysagiste […] en ce sens qu’il a été le premier à accorder au paysage une place beaucoup plus importante que ses prédécesseurs ou ses contemporains. Il faut attendre Patinir pour que cet arrière-plan passe au premier plan, au point même que ses paysages dominent parfois toute la représentation. » Cees Nooteboom
« Au départ se situent des paysages de construction étriquée, aux rochers débordant de fantaisie, où les plans en coulisse se chevauchent arbitrairement et sans aucun sens de l’ensemble […]. Le Saint Jérôme signé du Prado, aux rochers encore trop complaisamment chaotiques, fait pourtant figure de transition avec un premier essai de vue panoramique à l’arrière-plan (de même, […] le grand Saint Jérôme du Louvre). Les dernières œuvres de Patenier sont caractérisées par des ordonnances plus calmes et plus lisibles, avec des échappées latérales mieux ménagées et des escarpements rocheux plus reculés et décalés latéralement, des horizons plus vastes s’élargissant presque sans limites, par une meilleure intégration des motifs à l’ensemble du tableau régi par le sentiment d’une véritable unité spatiale, un coloris moins heurté […]. » Jacques FOUCART
https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/patenier-patinir/
« il avait une façon particulière de traiter le paysage avec beaucoup de soin et de finesse; ses arbres étaient comme pointillés. II y introduisait de jolies petites figures, en sorte que ses couvres étaient recherchées, se vendaient bien et qu’elles se sont répandues en divers pays » Carel Van Mander, Livre des peintres, 1604
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111899p/f199.image.r=pointilles#
« Avant Bruegel, Joachim Patenier est le principal créateur du paysage nordique et, comme tel, il est déjà célébré de son vivant par Dürer qui l’admire et lui rend visite à Anvers en 1520-1521″ Jacques FOUCART
https://www.universalis.fr/encyclopedie/patenier-patinir/ ou https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/patenier-patinir/ (via l’Ent)
« Pour l’historien d’art viennois Ludwig von Baldass (1887-1963), […] ‘œuvre de Patinir, présentée comme nettement en avance sur son temps, serait annonciatrice du paysage comme überschauweltlandschaft, traduisible comme « paysage panoramique du monde », véritable représentation cosmique et totalisante de l’univers visible. Ce qui caractérise l’œuvre de Patinir, affirment les partisans de cette analyse, c’est l’ampleur considérable des paysages qu’elle offre à la contemplation du spectateur […] : l’espace figuré est immense (du fait d’un point de vue panoramique situé très haut, presque « céleste »), en même temps qu’il englobe, sans souci de vraisemblance géographique, le plus grand nombre possible de phénomènes différents et de spécimens représentatifs, typiques de ce que la terre peut offrir comme curiosités, parfois même des motifs imaginaires, oniriques, irréels, fantastiques : champs, bois, montagnes anthropomorphes, villages et cités, déserts et forêts, arc-en-ciel et tempête, marécages et fleuves, rivières et volcans. […] A part cette perspective panoramique, Patinir fait appel à la perspective aérienne — théorisée à l’époque par Léonard de Vinci — grâce à un découpage de l’espace en trois plans couleur : brun-ocre pour le premier, vert pour le plan moyen, bleu pour le lointain. Cependant, le peintre conserve la visibilité de la totalité des détails avec une méticulosité, une minutie et une préciosité digne des maîtres flamands du XVe, qui, en tendant vers un infini quantitatif (consistant à tout montrer), cherchaient à se rapprocher d’un infini qualitatif (permettant de tout voir). »
https://artkarel.com/patinir-invention-paysage/
« Joachim Patenier ou Patinir fut le premier peintre paysagiste des Pays-Bas. Ce qui jusqu’à Metsys était un arrière-plan, même s’il était important, devient pour lui le sujet principal ; l’élément narratif devient accessoire. Dès le début de sa carrière, il essaie de créer une unité entre les différents plans de ses paysages […]. »
Lyckle DE VRIES. NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis [s.d.]. Disponible sur : https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/peinture-neerlandaise-et-flamande/ (consulté le 5 novembre 2023)
« […] dès le début de sa carrière, il invente sa propre « marque de fabrique » : dans tous ses tableaux, les premiers plans sont contemplés d’un point de vue aérien, les zones lointaines d’un point de vue frontal, ainsi que les roches, maisons, silhouettes et arbres, à quelque distance qu’elles soient. Le regard s’enfonce vers les profondeurs au fil des changements de nuances, passant du brun au vert puis au bleu d’azurite, qui envahit une ligne d’horizon toujours haute. D’étonnants rochers dentelés hantent le paysage, inspirés par sa région natale, autour de Dinant (aujourd’hui dans les Ardennes belges). Quant aux scènes religieuses, elles deviennent minuscules, sans disparaître. » Emmanuelle Lequeux
Ressources :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/patenier-patinir/ ou https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/patenier-patinir/ (via l’Ent) : article de Jacques FOUCART (biographie, style…)
Podcast d’une émission (France Culture) consacrée à l’oeuvre Paysage avec saint Jérôme (1516-1517) : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-regardeurs/paysage-avec-saint-jerome-1516-1517-8064778
Portrait de Joachim PATINIR, vers 1590, attribué à Aegidius Sadeler II d’après Albrecht Dürer, gravure, 19.5 x 16.3 cm, Philadelphia Museum of Arts (œuvre libre de droit) – photographie de cette œuvre présente sur la page Artistes réalisée par Cornelis Cort en 1483