KENTRIDGE William, Porter séries : France divisée en 86 départements (Dancing Lady), 2006-2007

William KENTRIDGE, Porter séries : France divisée en 86 départements (Dancing Lady), 2006-2007, tapisserie, soie mohair et broderie, tissée par Marguerite Stephens Weaving Studio, 244 x 350 cm, édition de 5.
© William KENTRIDGE © Bruno Parmentier (photographie sous Licence CC BY-NC-ND 2.0 )
« La série Porter de William Kentridge, [est] une petite série de tapisseries que l’artiste a commencée en 2001 qui démontre sa constante fascination pour divers thèmes importants et récurrents dans son œuvre, à savoir les évolution politique et historique, les ombres et la projection. Exposées par le Philadelphia Museum of Art en 2007, ces tapisseries sont à la fois politiques et poétiques. […] la silhouette abstraite de la femme contraste de manière spectaculaire avec les caractéristiques graphiques de la carte.
L’élaboration de ces œuvres se fait en plusieurs étapes. Kentridge produit tout d’abord un collage de la composition qu’il a imaginé. Il travaille ensuite en étroite collaboration avec le Stephens Tapestry Studio, dans le pays natal de l’artiste, l’Afrique du Sud, pour aboutir à la pièce finie. Des teintures sélectionnées […] sont utilisées pour colorer le mohair filé localement, qui est à son tour utilisé pour construire la tapisserie elle-même. Utilisant la technique française du Gobelin, les tisserands travaillent de bas en haut sur un métier à tisser vertical, en se servant de photographies agrandies du collage de Kentridge, placées derrière le métier à tisser pour servir de gabarit.
Dans un article consacré à l’exposition de Philadelphie, paru dans le New York Times, Roberta Smith note que cette méthode particulière introduit un degré de mouvement dans l’œuvre qui est souvent absent des tapisseries plus traditionnelles : « La traduction des collages en tapisseries est un processus d’amplification, d’expansion et de raffinement. De nouvelles lignes sont également ajoutées, ce qui donne aux œuvres une sensation de mouvement […]. […]. En dynamisant et en donnant vie aux images de M. Kentridge, le processus de tissage pourrait presque être considéré comme animant les collages d’un sentiment d’énergie visuelle proche du mouvement » (R. Smith, « Shadowy Nomads, Writ in Warp and Woof », New York Times, 31 décembre 2007). »
https://www.christies.com/en/lot/lot-5772525 (traduction : Clément Chervier)
« Le sujet principal de la série [Porter] est la migration et le « portage » – littéralement, porter sa cargaison entre les mers et les rivières. Les tapisseries montrent des silhouettes chargées d’objets traversant les continents, comme le montrent les cartes provenant d’un atlas scolaire français du XVIIIe siècle. Les maquettes originales de Kentridge, conçues spécifiquement pour les tapisseries à la structure mise en évidence, sont des collages de papiers déchirés et découpés, fixés sur du carton. Les membres des personnages sont épinglés de manière à pouvoir être déplacés comme une marionnette. Ces épingles font également partie intégrante du modèle qui est traduit dans la tapisserie. La maquette originale de Kentridge est ensuite reproduite sous la forme d’un patron dessiné qui est agrandi à la taille de la tapisserie. […]. La maquette animée est manipulée et modifiée de manière à ce qu’elle se traduise au mieux selon les particularité du médium de la tapisserie. Enfin, une équipe de quatre tisserands experts tisse le dessin dans sa taille agrandie, un processus qui prend environ huit semaines. »
https://stephenstapestry.com/gallery/william-kentridge/the-porter-series/
Citations :
« La tapisserie est un art numérique. Chaque ligne ou forme du dessin initial est transposée en fils qui se croisent, comme autant de points qui sur une carte. L’indécision de l’artiste, chaque bavure de la ligne, doit être résolue en « çà s’arrête ici, çà change là. » » William Kentridge
« L’histoire se répète : le tissage à ouvert la voie au contrôle numérique. Les cartes perforées des premiers ordinateurs étaient basées sur des cartes perforées utilisées pour contrôler les lisses des métiers à tisser du XVIIIe siècle. » William Kentridge
«J’aime qu’une tapisserie soit comme une projection figée, une fresque murale portative que l’on peut rouler et transporter jusqu’à son prochain palais. » William Kentridge